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Professeure d’économie comparée à l’université Louis-et-Maximilien de Munich, spécialiste des questions de concurrence et d’innovation, Monika Schnitzer préside depuis octobre 2022 le Conseil des experts économiques, cénacle de cinq « sages de l’économie » qui publie chaque année un rapport détaillé sur l’état de l’économie et formule des recommandations au gouvernement et au Parlement.
Dans son discours d’investiture, le 20 janvier, Donald Trump a formulé la vision d’un monde où les Etats-Unis défendent surtout leurs propres intérêts. Pour l’Allemagne, très dépendante des Etats-Unis pour sa sécurité, mais aussi pour ses exportations, c’est un changement de paradigme. Comment le pays doit-il réagir ?
Nous devons nous faire à l’idée que les choses qui ont été annoncées par le président Trump vont se réaliser. Concrètement, il va augmenter les droits de douane pour imposer une production aux Etats-Unis. Certaines entreprises allemandes sont déjà actives sur le sol américain. Pour d’autres, qui produisent en Allemagne et exportent vers les Etats-Unis, c’est bien plus problématique, d’autant que nos emplois en dépendent.
Concernant la sécurité, nous avons peut-être été trop naïfs et trop confiants dans les décennies passées de croire que nous pourrions la confier aux Américains et faire l’économie d’investir dans la défense. Maintenant, nous n’avons pas le choix : si nous voulons rester souverains dans nos décisions et ne pas dépendre de Washington, nous devons développer nos propres forces.
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L’Allemagne a vécu en 2024 une deuxième année de récession. Le PIB du pays n’a presque pas augmenté depuis 2019. La crise en cours semble structurelle. Comment l’expliquez-vous ?
La seule période récente où nous ayons connu deux années de récession successives était en 2002-2003, après l’éclatement de la bulle Internet. La situation actuelle est donc exceptionnelle, même s’il faut rappeler que nous avons connu plusieurs crises simultanées, avec la pandémie de Covid-19 et le choc énergétique, qui a particulièrement touché l’économie allemande.
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