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Éditorial

Le Monde

La muraille de taxes douanières érigée par Donald Trump contribue paradoxalement à faciliter le contournement des Etats-Unis par la Chine. Mais les nouvelles prétentions de Pékin, si elles se matérialisent, doivent être considérées avec circonspection.

Publié hier à 11h30 Temps de Lecture 2 min. Read in English

Taxes suspendues, maintenues ? Les messages contradictoires venus de la Maison Blanche ne cessent de se succéder depuis le 2 avril, date du déclenchement par Donald Trump d’une guerre commerciale sans précédent dans l’histoire récente. L’escalade brouillonne engagée par le président américain ne peut que conforter la Chine dans l’idée qu’elle doit réduire au maximum sa dépendance aux Etats-Unis. Même si la fièvre finit un jour par retomber, elle a créé une situation entièrement nouvelle, propice à un découplage, qui a longtemps paru impossible, des deux plus grandes économies mondiales.

Chacun en Chine, du plus haut dirigeant au petit patron d’usine, ne peut que mesurer le risque que fait désormais planer l’exposition au marché américain. Depuis que les nouveaux droits de douane infligés au géant asiatique ont commencé à entrer en vigueur, les exportateurs chinois sont tous lancés dans une quête de nouveaux marchés qui pourraient prendre le relais des consommateurs américains.

La tournée du président chinois, Xi Jinping, au Vietnam, en Malaisie et au Cambodge montre que Pékin cherche à renforcer ses liens commerciaux avec des partenaires plus fiables. L’Union européenne ou les principaux pays émergents sont également concernés. Le Brésil est dans ce cas, qui a déjà dépassé les Etats-Unis comme premier fournisseur de denrées agricoles de la Chine. Cette dernière n’est pas la seule à faire ce constat. La muraille de taxes douanières érigée par Washington force chaque pays ciblé à regarder ailleurs.

Le président chinois, Xi Jinping, à l’aéroport international de Hanoï, lors d’une visite au Vietnam, le 14 avril 2025.

Donald Trump contribue donc paradoxalement à faciliter l’avènement d’un monde visant le contournement des Etats-Unis. Ce grand réalignement ne concerne pas que le commerce. Le retrait de Washington d’organisations internationales, son dédain désormais revendiqué pour l’ordre international établi, pour les alliances historiques et les engagements américains, comme le soutien à l’Ukraine face à la Russie, s’inscrivent également dans cette perspective.

Pékin ne peut que se satisfaire de l’abandon du soft power américain qui la ciblait. En témoigne la fermeture brutale de Radio Free Asia, dont le rôle était central pour s’informer au sein de la communauté ouïgoure. En laissant entendre qu’ils sont prêts à renoncer, par usure ou lassitude, à leur rôle central depuis des décennies dans les affaires du monde, les Etats-Unis créent un vide dans lequel la Chine peut avoir la tentation de s’engouffrer.

Depuis le début du second mandat de Donald Trump, Pékin, qui n’avait déjà pas manqué de dénoncer le soutien aveugle apporté par les Etats-Unis à Israël, en dépit de la destruction sanglante de Gaza, se pose en relève morale. Mais les nouvelles prétentions chinoises, si elles se matérialisent, doivent être considérées avec circonspection. Même à l’aune de la crise mondiale créée par Donald Trump.

Car la politique commerciale de Pékin, qui vise à écouler coûte que coûte une surproduction que ne peut absorber une demande intérieure atone, continue de menacer les emplois en Europe, comme dans bien d’autres pays. Et le bilan désastreux de Xi Jinping en matière de droits humains reste plus que jamais un obstacle pour de nombreuses démocraties, dont les européennes. Des compromis avec Pékin seront sans doute nécessaires pour contenir le désordre américain, mais la Chine reste bien mal placée pour faire la leçon au monde.

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