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Le revirement subit du président américain sur les taxes douanières ne doit tromper personne : s’il a acheté à bon compte l’accalmie sur les marchés financiers, l’heure est plus que jamais à l’incertitude et à la spéculation.
Publié aujourd’hui à 11h00, modifié à 15h13 Temps de Lecture 2 min. Read in English
Donald Trump n’a sans doute jamais entendu parler de Jean Cocteau, mais il pourrait faire sienne sa célèbre citation : « Quand les événements nous dépassent, feignons d’en être les organisateurs. » Face à la pression du marché obligataire qui était en train de basculer en mode crise, le président des Etats-Unis a feint un geste stratégique calculé de longue date pour opérer, mercredi 9 avril, un virage à 180 degrés sur l’application des droits de douane appliqués à la quasi-totalité des pays, décrétés une semaine plus tôt.
Arguant d’une attitude « constructive » des pays visés pour négocier, Donald Trump a suspendu les mesures pour quatre-vingt-dix jours, n’appliquant qu’un taux de 10 % sur les produits étrangers importés vers les Etats-Unis, sauf pour la Chine, pour laquelle la sanction s’est aggravée, avec 125 % de droits de douane. La manœuvre ne trompe personne : les marchés financiers ont remporté la première manche d’un match qui ne fait que commencer.
Depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche il y a moins de trois mois, analystes et commentateurs rivalisent de conjectures pour tenter de donner un sens à ce qu’il se passe au sommet de la première puissance mondiale. Mais, au regard des objectifs contradictoires affichés et des revirements assumés avec aplomb, l’exercice s’apparente de plus en plus à un puzzle auquel il manquerait des pièces. Le mensonge et les vérités parallèles débités au gré des soubresauts de la Bourse et des réactions outrées peinent de plus en plus à dissimuler la coupable inconséquence de l’administration américaine qui commençait à fissurer son propre camp.
Les marchés financiers, les gouvernements étrangers, les chefs d’entreprise, la presse n’auraient rien compris à ce qui se déroule sous leurs yeux. Le grand œuvre de Donald Trump bouscule tellement l’ordonnancement du monde que, finalement, seul son cercle rapproché serait en mesure d’en comprendre les tenants et les aboutissants et d’en apprécier la portée. Malheureusement, il suffit de tendre l’oreille et d’observer les comportements dans le bureau Ovale pour comprendre que le scénario a été écrit par des idéologues mal préparés à l’exercice du pouvoir, plongeant le monde dans un abîme de circonspection.
La justification du revirement sur les droits de douane a de quoi donner le vertige : « Je regardais le marché des obligations, c’était très délicat, a expliqué Donald Trump. Si vous regardez maintenant, c’est magnifique. » Tel un enfant fasciné par ses propres bêtises, le président des Etats-Unis essaie de convaincre qu’il œuvre pour le bien commun en réparant dans l’instant les dégâts qu’il vient lui-même de provoquer.
Les montagnes russes des marchés financiers ont certainement fait le bonheur de quelques investisseurs rusés, mais l’irresponsabilité du président des Etats-Unis dans un mélange de légèreté et de déni fait froid dans le dos. Il vient d’acheter à bon compte l’accalmie des marchés financiers, mais l’heure est plus que jamais à l’incertitude et à la spéculation.
Les quatre-vingt-dix jours de délai qu’il accorde aux pays avec lesquels il veut entrer en négociation ne sont qu’une épée de Damoclès susceptible à tout moment de ramener le chaos. Le monde n’a pas fini de s’interroger sur les intentions de Donald Trump. Dans ces temps troublés, il est rassurant de croire qu’un plan rationnel, même déplaisant, est à l’œuvre. Le plus déstabilisant serait de réaliser qu’il n’y a aucune stratégie, seulement l’hubris et l’égotisme d’un individu.
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