Avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, les cryptoactifs sont devenus un levier de pouvoir au croisement de la souveraineté, de la géopolitique et de la finance. Les critiques virulentes qu’il avait portées en 2019 contre le bitcoin, « basé sur du vent », sont oubliées et ce revirement stratégique l’amène à redéfinir le rôle de la monnaie dans l’ordre politique mondial. Coup de force ou prémices d’un coup de grâce porté à la stabilité monétaire mondiale ?

A première vue, les cryptoactifs pourraient incarner la promesse d’un monde monétaire libéré de l’Etat. L’illusion d’une monnaie neutre, « naturelle », échappant à toute souveraineté, est tenace. Pourtant, comme l’histoire le démontre depuis la Mésopotamie, la monnaie est indissociable de la puissance publique. C’est par le prélèvement de l’impôt, la fixation des normes de valeur et la capacité à garantir sa dette que l’Etat fonde sa souveraineté monétaire. Ce lien est d’autant plus crucial que la monnaie, bien public par excellence, structure la confiance dans ses dimensions éthique et hiérarchique, confiance qui sous-tend tout système de paiement. Ce que prétend rompre l’architecture des cryptos est précisément ce qui fonde la stabilité économique dans le temps long.

La stratégie de Trump vise-t-elle un dollar 2.0 basé sur les cryptos privés ? En s’érigeant en protecteur du secteur, le président américain ne semble pas vouloir abolir la souveraineté monétaire américaine. Au contraire, il la redéploie. La création d’une réserve stratégique de bitcoins par le Trésor, le soutien aux stablecoins adossés au dollar, ou encore l’abandon des poursuites réglementaires contre certains émetteurs privés sont l’expression d’une volonté de renouveler la domination monétaire du dollar par le biais d’instruments nouveaux.

Un système monétaire parallèle

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