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Patrick Artus
Conseiller économique d’Ossiam et membre du Cercle des économistes
Une stratégie de réduction du déficit public qui ne serait basée que sur des hausses d’impôts et des baisses de dépenses et qui ne s’attaquerait pas aux causes de la faiblesse du niveau de PIB serait peu efficace, avertit l’économiste dans sa chronique.
Publié aujourd’hui à 05h00 Temps de Lecture 4 min.
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En 2025, le déficit budgétaire de l’Allemagne sera de l’ordre de 2 % du PIB, celui de l’Espagne de 2,6 % du PIB et celui de l’Italie de 3,4 % du PIB, selon les dernières prévisions de la Commission européenne. Pour ce qui est de la France, celle-ci prévoit un déficit public de 5,3 % du PIB (proche de l’objectif de 5,4 % du PIB que s’est fixé le gouvernement, en baisse de 0,7 point de PIB par rapport à 2024).
Le déficit public prévu en France sera donc de près de 3 points de PIB supérieur à celui de la moyenne des autres grands pays européens. Et ce résultat ne sera obtenu qu’au prix de 50 milliards d’euros (1,9 % du PIB) de réduction des dépenses publiques ou de hausse des impôts, sur les personnes à revenu élevé, dont le taux d’imposition est très bas, et sur les grandes entreprises. On peut craindre que cette stratégie budgétaire conduise à un freinage important de la croissance.
Normalement, on évalue le « multiplicateur » budgétaire (l’effet sur le PIB d’une variation du déficit public) à 0,7 environ. Appliqué à une baisse du déficit de 0,7 point de PIB, ce multiplicateur impliquerait une perte de croissance de près de 0,5 point de PIB (0,7 × 0,7 point). Et cette perte de croissance induite par la rigueur budgétaire risque de se prolonger sur plusieurs années, car il est prévu de réduire le déficit public jusqu’à atteindre le niveau (environ 2 % du PIB) qui permet de stabiliser le taux d’endettement public. On voit bien la difficulté de cette politique : la faiblesse de la croissance rend difficile la réduction du déficit public et la réduction du déficit affaiblit la croissance.
En réalité, la France souffre essentiellement de la faiblesse de son niveau de production, de son niveau de PIB. D’une part, alors que la productivité du travail augmentait de 1 % par an de 2002 à 2018, une rupture est brutalement apparue : de 2019 à la fin de 2024, elle a reculé de près de 4 %. Si le rythme antérieur de progression de la productivité s’était maintenu, le PIB serait aujourd’hui de 9 % supérieur à ce qu’il est ; et si la productivité en France avait simplement évolué au même rythme que dans les autres pays de la zone euro, le PIB serait aujourd’hui supérieur de 5 % à ce qu’il est.
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