Dans les affaires, comme au poker, se produit un moment de bascule inévitable où les enchères s’envolent et les mains faibles doivent quitter la table. Cela s’appelle « la consolidation », et elle est en train de prendre de l’ampleur dans le secteur de la livraison de repas.

Mardi 6 mai, c’est le britannique Deliveroo qui s’est couché. La plateforme, repérable dans nos rues avec ses glacières couleur émeraude, a accepté une offre de rachat à 2,9 milliards de livres (3,4 milliards d’euros) émanant du numéro un américain DoorDash, désireux de faire le grand saut transatlantique. Un prix bien inférieur aux 7,6 milliards de livres que valait l’entreprise lorsqu’elle s’est introduite en Bourse en mars 2021. Car, après l’emballement de la crise liée au Covid-19, qui avait incité nombre de particuliers à se faire déposer sur le palier leurs sushis et autres hamburgers, les courbes s’étaient tassées et les réglementations durcies, notamment sur le travail, pesant sur les marges.

En février, déjà, le néerlandais Just Eat Takeaway avait jeté l’éponge. Fragilisé par l’acquisition ratée de l’américain GrubHub, acheté plus de 7 milliards de dollars (6,2 milliards d’euros) en 2020 et revendu pour un plat de lentilles en novembre 2024, le numéro un européen a été avalé contre 4,1 milliards d’euros par la société d’investissement Prosus, contrôlée par le sud-africain Napsters. Prosus se fait fort de révolutionner la logistique et la fameuse « expérience client » grâce à l’usage de l’intelligence artificielle déjà déployée chez iFood, le leader brésilien qu’il détient.

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