Cet article vous est offert

Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous

Se connecter

Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?
Inscrivez-vous gratuitement

Chronique

auteur

Pierre-Cyrille Hautcœur

Directeur d’études à l’EHESS (Ecole d’économie de Paris)

Il ne suffit pas de dénoncer le protectionnisme de Trump au nom de l’évidence : il faut aussi reconnaître les inégalités que génère le libre-échange et y remédier, plaide l’économiste Pierre-Cyrille Hautcœur, dans sa chronique.

Publié hier à 15h00 Temps de Lecture 2 min.

Article réservé aux abonnés

Les attaques radicales du président Trump contre le commerce international, de même que la multiplication des projets de politique industrielle en Europe relèvent d’une même analyse néomercantiliste remettant en cause les bienfaits du laisser-faire. Il est aisé de les caricaturer au nom de la théorie économique ou de l’évidence des gains que procure le « doux commerce ». Une telle critique n’est pertinente que si l’on reconnaît les inégalités générées par le commerce et les spécialisations qui l’accompagnent, longtemps niées par les institutions internationales et les pays riches.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’Europe de l’Ouest et le Japon connurent une croissance exceptionnellement rapide, les « trente glorieuses » en France, le « miracle » italien, allemand ou japonais. Les causes profondes de cette croissance restent débattues. L’explication dominante, due à l’économiste américain Robert Solow (1924-2023), attribue cette croissance à l’accumulation de capital et de travail, sous une hypothèse de concurrence parfaite. Selon cette approche, la liberté des échanges conduirait à la convergence des niveaux de développement à long terme. Or, non seulement les « trente glorieuses » furent une période de divergence entre pays riches et pays pauvres (au détriment des seconds), mais ce modèle peine aussi à expliquer les écarts observés entre les pays développés, comme en témoigne la relative stagnation du Royaume-Uni par rapport à l’Europe continentale.

Le président des Etats-Unis Donald Trump et le secrétaire au commerce Howard Lutnick brandissent un tableau de tarifs douanier, le 2 avril 2025 à Whashington.

Depuis plus de trente ans, la croissance chinoise (comme celle d’autres « dragons » asiatiques) s’explique moins par une convergence spontanée que par des mécanismes pointés par des économistes comme le Britannique Nicholas Kaldor (1908-1986) à propos de la croissance européenne d’alors. Selon cette perspective, certaines activités génèrent des rendements croissants et des gains de productivité élevés ; les pays qui les maîtrisent grâce à des politiques industrielles volontaristes peuvent en exclure les autres et bénéficier d’une forte croissance. Celle-ci est renforcée quand des réserves de main-d’œuvre rurale (ou étrangère) à bas salaire peuvent être amenées massivement vers les industries des villes. Dans ce cas, l’échange international ne conduit pas à la convergence, mais à la prospérité de ceux qui contrôlent les marchés industriels, aux dépens de ceux qui se spécialisent, au nom du libre-échange, dans l’agriculture ou l’exploitation minière. La rivalité pour contrôler les productions industrielles profitables devient la règle. L’échange peut être libre mais inégal.

Il vous reste 41.52% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

Découvrir les offres multicomptes
  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.