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Tribune

Michael Lind

essayiste

Malgré ses incohérences, le président américain est très constant dans ses critiques contre le libre-échange et le parapluie militaire américain : cela fait quarante ans qu’il qualifie les alliés des Etats-Unis de parasites, décrypte l’expert texan dans une tribune au « Monde ».

Publié hier à 17h00 Temps de Lecture 7 min. Read in English

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Lors de ce second mandat, comme lors du premier, Donald Trump rompt avec le consensus bipartisan en matière de politique étrangère, fondé sur le libre-échange et sur des engagements militaires de plus en plus importants. Ses critiques à l’égard de ce consensus n’ont cependant rien d’original. Elles s’inscrivent dans une tradition nationaliste de la politique étrangère américaine qui remonte au président Richard Nixon (président de 1969-1974) et à Ross Perot, candidat indépendant aux présidentielles de 1992 et 1996.

Rien de ce que Trump a fait lors de ses deux mandats ne rivalise jusque-là avec le radicalisme du « Nixon shock » de 1971. A l’époque, le président américain a unilatéralement aboli le système monétaire international de Bretton Woods, qui, après la seconde guerre mondiale, rattachait les monnaies mondiales au dollar et à l’or, et imposé une surtaxe de 10 % à toutes les importations soumises aux droits de douane. Comme le rappelle l’historien Jeffrey Garten, le secrétaire au Trésor de Nixon, John Connally, « n’hésitait pas à faire ce qu’il pensait bon pour les Etats-Unis. Il se fichait juste du reste du monde – et Nixon le savait ».

Ce style de nationalisme économique a été repris dans les années 1990 par Ross Perot, texan comme Connally, homme d’affaires milliardaire comme Trump. Ross Perot était hostile à l’accord de libre-échange nord-américain, qui permettait aux constructeurs automobiles américains de transférer leur production vers le Mexique, où les salaires sont bas et les syndicats peu développés. Il accusait par ailleurs les Japonais et d’autres alliés de « faire les poches » des Américains et promettait, s’il devenait président, d’exiger du Japon et de l’Allemagne qu’ils paient aux Etats-Unis 50 milliards de dollars [soit 114 milliards de dollars d’aujourd’hui ou 105 milliards d’euros] pour compenser les coûts que supportent les Américains pour les défendre.

Lors de la présidentielle de 1992, Ross Perot a obtenu près de 20 % des voix – plus que tout autre candidat d’un petit parti depuis que l’ancien président républicain Theodore Roosevelt s’est présenté sous la bannière du Parti progressiste, en 1912. Néanmoins, après les défaites de Perot aux élections de 1992 et 1996, le nationalisme économique néo-nixonien a été largement considéré comme une doctrine dépassée, prisée seulement de quelques figures marginales très à droite de l’échiquier politique, telles que Pat Buchanan, un ex-conseiller politique de Nixon.

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