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Tribune

Yanis Varoufakis

Ancien ministre des finances de la Grèce

Non seulement l’équipe du président américain rejette l’idée d’un argent public numérique, mais elle sous-traite également la suprématie du dollar aux Big Tech, dénonce, dans une tribune au « Monde », l’économiste et ancien ministre grec des finances.

Publié aujourd’hui à 10h17 Temps de Lecture 3 min.

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Les banquiers centraux considéraient jusqu’à présent les cryptomonnaies comme une simple nuisance, d’une ampleur insuffisante pour bouleverser les politiques dont ils ont la charge. Ils sont beaucoup plus fébriles depuis l’adoption, mardi 17 juin, du projet de loi Genius (Guiding and Establishing National Innovation for U.S. Stablecoins) par le Sénat américain, qui fait suite au décret pris par le président Donald Trump, le 6 mars, établissant une réserve stratégique de cryptomonnaies.

Ils redoutent désormais que Trump s’appuie sur les « stablecoins » [cryptoactif dont la valeur est indexée sur un autre produit] indexés sur le dollar pour reconfigurer le système monétaire mondial (en faisant au passage sa fortune et celle de sa famille). Ils craignent un démantèlement délibéré et chaotique de l’ordre monétaire du XXe siècle, dans lequel les banques centrales régnaient en tant qu’architectes uniques de la monnaie.

Non seulement le projet de loi Genius autorise les stablecoins privés, mais une autre proposition de loi vise à interdire à la Réserve fédérale américaine d’émettre une monnaie numérique de banque centrale (MNBC). L’adoption définitive de ces deux textes consacrerait les jetons (« tokens ») émis par quelques entreprises comme les nouveaux instruments de l’hégémonie du dollar.

Il ne s’agit pas ici d’innovation, mais d’une offre publique d’achat hostile sur la monnaie. En l’absence de toute réglementation sérieuse, les stablecoins ne sont ni stables ni une réelle alternative au dollar. Ils ne sont que le cheval de Troie d’une privatisation de l’argent.

La Banque centrale européenne (BCE) est consciente du danger. Si la gestion et les échanges des titres migrent vers la blockchain – si les obligations, les actions et les produits dérivés sont « tokénisés » –, il faudra aussi adapter les systèmes de règlement. La solution de la BCE réside dans un euro numérique circulant sur une blockchain. La monnaie publique demeurerait ainsi le fondement de la finance. Jusqu’à présent, la BCE se heurtait à la résistance des banques privées allemandes et françaises. Elle rencontre désormais un deuxième problème, plus sérieux encore : les Etats-Unis font la course dans la direction opposée. En interdisant les MNBC et en donnant le feu vert aux stablecoins, non seulement l’équipe de Trump rejette l’idée d’un argent public numérique, mais elle sous-traite également la suprématie du dollar aux Big Tech.

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