Passer au contenu principal
Paris (French) domicileNews domicile
Story
6 sur 20

La Commission européenne présente son plan pour en finir avec le gaz russe d’ici à la fin de 2027

L’exécutif européen prévoit d’interdire les nouveaux contrats dès la fin de 2025, avant une coupure totale deux ans plus tard. La feuille de route est désormais soumise aux Etats membres et au Parlement.

Cet article vous est offert

Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous

Se connecter

Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?
Inscrivez-vous gratuitement

L’exécutif européen prévoit d’interdire les nouveaux contrats dès la fin de 2025, avant une coupure totale deux ans plus tard. La feuille de route est désormais soumise aux Etats membres et au Parlement.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, prononce un discours lors du sommet sur l’avenir de la sécurité énergétique, organisé par l’Agence internationale de l’énergie et le gouvernement britannique à Lancaster House, à Londres, le 24 avril 2025.

La Commission européenne a dévoilé, mardi 6 mai, son plan pour mettre définitivement un terme aux importations de gaz russe d’ici à la fin de 2027. Le défi est difficile, tant la dépendance de l’Europe à la Russie en la matière demeure importante.

L’exécutif européen propose d’agir en deux temps : d’abord par l’interdiction des nouveaux contrats et des contrats courts (spot) existants avec les entreprises russes à la fin de 2025, puis par l’extinction de l’ensemble des importations de gaz de Russie deux ans plus tard.

« Il est désormais temps pour l’Europe de rompre complètement ses liens énergétiques » avec la Russie de Vladimir Poutine, a lancé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, plus de trois ans après le début de l’invasion de l’Ukraine. « Nous le devons à nos citoyens, à nos entreprises et à nos courageux amis ukrainiens. »

Plusieurs fois reportée avant sa présentation mardi au Parlement européen, cette feuille de route va maintenant être soumise aux Etats membres et au Parlement. Les discussions s’annoncent délicates, sur un fond de craintes d’une nouvelle flambée des prix de l’énergie.

Certes, la part des importations de gaz russe dans l’Union européenne (UE) est passée de 45 % en 2021 à 19 % en 2024. Néanmoins, si l’UE s’est efforcée de réduire ses approvisionnements par gazoducs, elle s’est en partie tournée vers le gaz naturel liquéfié (GNL), transporté par navire, déchargé dans des ports, regazéifié puis injecté dans le réseau européen de gaz. Les importations de GNL atteignent ainsi des records.

Et, loin derrière les Etats-Unis (45 %), la Russie occupe cependant une place centrale en la matière avec 20 % des importations de l’UE en 2024, soit 20 milliards de mètres cubes sur la centaine de milliards importés. La marche à gravir sera haute, alors que la Commission promettait dès 2022 de se passer des combustibles russes « à l’horizon 2027 ».

Pression américaine

L’un des enjeux sera la diversification des approvisionnements. L’UE avait évoqué il y a plusieurs mois la possibilité d’augmenter encore ses importations de GNL américain… mais les tensions commerciales avec les Etats-Unis de Donald Trump ont brouillé les cartes.

Le Monde Mémorable

Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »

Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »

Découvrir

Il a fallu attendre le 1er mai pour que le commissaire européen chargé du commerce, Maros Sefcovic, suggère de nouveau, dans une interview au journal Financial Times, de « résoudre très rapidement » le différend avec l’administration Trump grâce à des achats de GNL américain ou de produits agricoles comme le soja.

Le président américain a lui-même mis une forte pression aux Européens au début d’avril en leur réclamant de commander massivement de l’énergie aux Etats-Unis, à hauteur de 350 milliards de dollars (309 milliards d’euros).

« La Commission risque de remplacer une dépendance désastreuse par une autre – débrancher le gaz de Poutine et brancher celui de Trump », s’est alarmée l’organisation environnementale Greenpeace, qui plaide pour des économies d’énergie et le développement des renouvelables.

Comment vont se positionner les Etats membres ? Certains comme la Hongrie ne cachent pas leur proximité avec Moscou. « Après l’échec total des sanctions contre la Russie, la Commission européenne commet aujourd’hui une autre très grave erreur en excluant de manière forcée, artificielle et idéologique les sources d’énergie russes », a réagi le ministre des affaires étrangères hongrois, Peter Szijjarto, dans une vidéo publiée sur Facebook.

D’autres sont de plus en plus dépendants du GNL russe. La France se retrouve par exemple en première ligne avec ses cinq terminaux de regazéification dont celui de Dunkerque. Selon le groupe de réflexion Ieefa, elle a augmenté de 81 % ses importations de GNL russe de 2023 à 2024 et versé 2,68 milliards d’euros à la Russie.

De son côté, TotalEnergies avait déjà sonné l’alarme au sujet du risque d’une augmentation des prix si l’énergie russe est bannie.

Flotte fantôme russe

Au-delà du choix du gaz liquéfié, la Commission européenne ne cesse de mettre en avant tous les efforts faits pour réduire la dépendance aux fossiles russes depuis le début de l’invasion de l’Ukraine. Un embargo sur les importations de pétrole russe a ainsi été instauré à la fin de 2022 dans l’UE. « Nous sommes passés d’un baril de pétrole sur cinq à un baril sur cinquante », insistait Ursula von der Leyen à la fin d’avril à Londres. Avec sa nouvelle feuille de route, Bruxelles promet de nouvelles actions contre la flotte fantôme russe, des navires pétroliers souvent vieillissants et opérés sous pavillon étranger, accusés d’être utilisés pour contourner les sanctions occidentales.

Des mesures contre les importations russes d’uranium enrichi sont aussi évoquées pour le mois de juin. « Aujourd’hui, l’Union européenne envoie un message très clair à la Russie : plus jamais nous ne permettrons à la Russie d’utiliser l’énergie comme arme contre nous », a déclaré le commissaire européen Dan Jorgensen.

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.

Latest Le Monde (Fr)