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L’affaire met en lumière l’ampleur des fraudes dans le secteur viticole et les difficultés à en mesurer l’impact réel, en France comme à l’étranger.

Le procès de Didier Chopin, un vigneron de la Marne, s’est ouvert, mardi 10 juin, devant le tribunal correctionnel de Reims. Accusé d’avoir produit et vendu du faux champagne, qu’il fabriquait dans l’Aisne à base de vins d’Espagne et d’Ardèche additionnés d’arômes et de gaz carbonique, il est jugé notamment pour escroquerie, usurpation d’appellation d’origine et abus de biens sociaux. La fraude, qui a duré un an entre 2022 et 2023, a été estimée à 800 000 bouteilles, voire davantage.

L’affaire avait éclaté au grand jour à l’été 2023 après des signalements de la responsable d’un site de production secondaire du vigneron dans l’Aisne. « J’ai fait de très grosses erreurs », a reconnu le prévenu à l’audience, tout en minimisant les volumes de faux champagne produits : « 500 000-600 000 » bouteilles, « peut-être un peu plus ». « Je ne me suis pas enrichi », a-t-il assuré, disant avoir agi ainsi pour honorer un contrat qu’il avait avec la Scapest, la centrale d’achat des supermarchés E.Leclerc, qui lui mettait « une sacrée pression », selon lui.

La Scapest, qui a nommé un expert après des plaintes de clients, avait acquis 200 000 bouteilles en 2022, soit un préjudice évalué à 1,5 million d’euros, mais qui n’est que « la petite partie de l’affaire », selon son avocat, Daniel Gaubour.

Vu le manque de traçabilité au siège de la société mise en cause, elle a aussi pu, selon la défense du Comité Champagne, produire des champagnes à partir de vignes déclassées en 2020 par l’interprofession pour infraction au cahier des charges.

La holding comptabilisait une centaine de marques, en plus de celle commercialisée sous le nom de champagne Didier Chopin, qui « sont également concernées par la fraude », assure l’avocate du Comité Champagne, Diane de Valbray, citant la marque Stesson vendue aux Pays-Bas. « On n’arrivera pas à savoir, hélas, le nombre exact » de bouteilles vendues en France et à l’étranger, en raison d’« une comptabilité totalement frauduleuse », déplore-t-elle.

« Tout le monde était au courant »

Hors de question pour le suspect de porter seul le chapeau. « Tout le monde était au courant, tout le monde y participait, tout le monde avait de gros salaires et tout le monde profitait », assure l’entrepreneur à la barre.

Il en veut particulièrement à l’ancienne responsable de son site viticole dans l’Aisne, partie civile au procès, qu’il dit avoir licenciée en avril 2023 parce qu’elle voulait le faire chanter. Si elle s’est décidée à donner l’alerte, c’est après avoir compris qu’il se rendait au Maroc « pour blanchir de l’argent et qu’il allait se planquer », rétorque-t-elle : « Je ne pouvais pas laisser les équipes en plan. » Elle déclare avoir ensuite été victime de « menaces et représailles ».

Les prud’hommes lui ayant refusé par deux fois le statut de lanceuse d’alerte, elle contestera, le 5 novembre, son licenciement pour faute grave.

L’épouse du prévenu, âgée de 56 ans également et jugée à son côté, a reconnu mardi avoir participé à la fraude, mais sans la cautionner : « J’étais prise au piège, j’avais peur. » Le couple assure être actuellement en instance de divorce.

Plusieurs affaires en instance de jugement

Le volet douanier de l’affaire – concernant les exportations du faux champagne – a été reporté au 3 février 2026. L’entrepreneur fait aussi face à une autre procédure judiciaire pour des accusations de violences sexuelles portées par plusieurs de ses ex-employées, dont cinq ont porté plainte.

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Il a aussi été incarcéré plusieurs mois au Maroc en 2024 pour une affaire de chèques sans provision, alors qu’il tentait de rebondir dans ce pays en y lançant une société de production de fruits et légumes et en investissant dans un restaurant.

Le Monde avec AFP

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