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Julien Chevalier
Economiste
Maximilien Coussin
Economiste, membre du collège d’experts de l’Institut Veblen
Les économistes Julien Chevalier et Maximilien Coussin proposent, dans une tribune au « Monde », que la Banque centrale européenne émette de la monnaie « libre de dette » pour financer directement les investissements publics.
Publié aujourd’hui à 13h00 Temps de Lecture 3 min.
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En Europe, l’automne est aussi la saison des budgets. Les propositions financières tombent comme les feuilles mortes, et cette année s’annonce être l’une des plus délicates de ces dernières décennies. La crise démocratique et politique gagne du terrain dans plusieurs pays, tandis que la gestion des finances publiques, après trois années d’inflation galopante, risque d’exacerber les tensions sociales déjà existantes.
La dérive des finances publiques nécessite des solutions rapides et parfois drastiques. La France, sous l’étroite surveillance de Bruxelles et des agences de notation, réduit son budget pour la transition écologique ainsi que ses dépenses ministérielles. Les Pays-Bas prévoient de réduire le soutien accordé à l’aide au développement, la Belgique envisage de limiter les crédits aux entreprises et, au niveau de l’Union européenne, le programme Erasmus risque une réduction de son financement.
L’illusion d’un monde où les Etats pouvaient dépenser sans compter s’efface. Les taux d’intérêt, après des décennies de crédit bon marché, ont bondi et restent élevés, malgré les récentes baisses de la Banque centrale européenne (BCE). Ce nouveau paysage rend plus complexe le remboursement des dettes – déjà la première dépense budgétaire dans de nombreux pays – et complique la maîtrise des finances publiques.
Malgré tout, les Etats continuent d’emprunter massivement sur les marchés. La France, par exemple, prévoit de lever 300 milliards d’euros en 2025, non pour investir dans des secteurs d’avenir, mais avant tout pour rembourser ses dettes déjà contractées. Cette spirale d’endettement révèle aussi l’incapacité des économies européennes à générer suffisamment de croissance.
Or la croissance est indispensable à la réduction de la dette. Quant à l’inflation, qui avait temporairement réduit le poids des dettes publiques en agissant comme une taxe invisible, elle est désormais retombée à l’objectif de 2 % de la BCE et ne permet plus de jouer ce rôle. La plupart des Etats sont donc pris au piège d’un cercle vicieux de la dette, qui ne demande qu’à se renforcer.
A l’échelle européenne, la mauvaise gestion des finances publiques a des répercussions plus larges : elle peut accentuer les écarts entre les taux d’emprunt des pays européens, une menace directe pour la stabilité de la zone euro. L’Europe se retrouve également au cœur d’un monde en pleine mutation où les enjeux se multiplient.
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